mardi 12 février 2013

Courant

29 janvier

Aujourd'hui, je suis allée à Montréal. J'y vais de plus en plus souvent. Pour de brèves visites. Et j'apprivoise tranquillement cette grande cité urbaine que j'ai pourtant toujours redouté.

Je suis native de Montréal. J'aurais pu croire qu'être native d'une ville donnait un certain attrait pour ladite cité! Eh ben non. Pas moi. Au grand jamais. Plus j'en suis loin, mieux je me porte. Montréal a toujours été pour moi la folie, la population, le monde, la stimulation à chaque coin de rue... Les excès aussi! Tant de monde et à la fois tant d'indépendance... Le choc social des premiers enfants itinérants. Les adolescents dans les rues. Les passants blasés. Les squeegees assidus. Les mendiants profiteurs... Pfff... pour la petite provinciale que je pense être, Montréal est étourdissante et déroutante.

Pourtant... La première fois que j'y ai conduit, persuadée que j'allais vivre l'enfer, agrippée désespérément à mon volant et les dents serrées... j'ai découvert une fluidité de la circulation, une certaine honnêteté des conducteurs : des clignotants, des 'céder le passage' naturels, des automobilistes qui vous laissent vous infiltrer dans leur voie sans essayer de renfoncer votre pare-choc... de la politesse au volant quoi! À partir de ce premier moment, conduire à Montréal a toujours été un plaisir.

Par contre, il aura fallu beaucoup, beaucoup plus d'années, avant qu'un soir de janvier, je m'aventure au coin des rues Mont-Royal et De Lorimier. La température était superbe : il neigeait à gros flocons. L'autoroute avait été difficile et ça faisait du bien de sortir de l'auto. Je me suis stationnée devant une boulangerie qui arborait encore des baguettes fraîches et dorées alors que le soleil se couchait entre chiens et loups. J'ai marché jusque chez mon amie, un seul coin de rue, toute seule, sac au dos, calmement, sans me sentir craintive, profitant des phares qui dansaient à l'heure de pointe, des arbres qui faisaient un dôme sur la rue, des escaliers en colimaçons collés les uns aux autres. Ce soir-là, pour la première fois, je me suis sentie bien dans ma ville natale.

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