dimanche 10 février 2013

Disposition

26 janvier

Mon demain est tardif. Mais le livre attendait sagement que je trouve les mots pour en parler.

Chronique de la dérive douce de Dany Laferrière.

J'ai parlé plus tôt de ma découverte de l'auteur dans 'La tension de l'immigrant', le 6 janvier. J'ai poursuivi avec les Chroniques, pensant à tort qu'elles avaient été écrites après. Je me suis rendue compte de mon erreur seulement après ma lecture, après quelques recherches. Mais cela n'a en rien gâché mon plaisir. Un plaisir plus rêche sans doute, plus dur, toutefois entier, en totale continuité avec L'énigme du retour.

Laferrière maintient ce style que j'ai découvert et que j'apprécie beaucoup : une prose poétique qui adoucit les moments durs, laisse respirer le lecture, rythme et cadence les émotions.

Il nous amène à Montréal, jeune immigrant haïtien, à la dérive de son départ précipité d'un pays chaud ou le rythme de vie et les raisons de vivre sont opposées à nos saisons. L'immigrant compare ce qu'il a quitté; s'empare de ce qu'il découvre. La vie est difficile pour le jeune noir montréalais dans une ville peut-être pas encore tout à faire prête pour l'immigration. De la pauvreté d'Haïti, on passe à celle de Montréal. On survit, on apprend à vivre, dans une société qui nous juge sans nous connaître, que l'on ne comprends pas, mais qu'on observe, avec intérêt et ouverture, alors même qu'il faut dire adieu au pays natal qu'on a quitté, contre son gré.

L'immigrant et le lecteur s'apprivoisent en douceur. Le premier sait qu'il doit trouver une place, et l'attends patiemment, sans rien bousculer, avec une immense résilience. Le dernier suit avec ébahissement, pour découvrir avec les yeux de l'autre, de l'étranger, son propre pays, sa propre ville.

... je ne regarderais plus jamais un pigeon de la même façon...

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