lundi 18 février 2013

Délier les langues

3 février

Le Cartet

Mon neveu m'explique que le dimanche à Montréal, le brunch, c'est sacré.

Nous voilà donc amenées dans le Vieux Montréal, là ou les panneaux des rues sont rouges et délicats, sur la rue McGill, pour découvrir Le Cartet, un resto-boutique au nom étrange qui ne m'évoque rien, mais qui est si populaire, qu'il faut faire la file pour y déjeuner.

L'attente vaut la peine. Le personnel est courtois, souriant, affairé mais pas tendu. La clientèle : pareil! Tout le monde est en mode dimanche matin. Pas de tension, on est entre amis, les discussions commencent dans la file et se poursuivront à table. Et les sujets ne peuvent pas manquer puisque le hall de resto-boutique est garni d'immenses étagères qui montent jusqu'au plafond, remplies de chocolats de toutes sortes, variétés, parfums et marques. Ça ouvre l'appétit!

L'endroit est petit et rempli à craquer. Les assiettes sont originales et copieuses. Le Cartet offre un choix de brunch qui valent vraiment la peine. Avec jus, recherche de saveur, oeufs superbement cuisinés, choix de sucrés ou salés, inspirations originales. Nous avons mangé à en appeler la sieste de l'après-midi.

Mais la question se pose : le Cartet... c'est quoi ça?

Heureusement que mon champion-neveu a fait la recherche à ma place pour m'expliquer qu'il s'agit du nom de la grand-mère, à la cuisine de laquelle le restaurant fait honneur.

Allez-y, messieurs les cuisiniers, de Sherbrooke à Montréal, faites honneurs aux femmes et cuisinières de votre famille. Moi, je m'en délecte et je m'en réjouis :)

Fusion sucrée

2 février

La biscuiterie Sylvestre

En ce très beau samedi, je prends la route tardivement pour retourner à Montréal. Je dois passer prendre mon amie à Verdun et acheter quelques douceurs. C'est en tournant en rond avec mon légendaire 'sens de l'orientation-non paniqué-pas de gps parce qu'on se perd avec ces engins' que le hasard amènera mon grand nez devant : La biscuiterie!

Avec un nom pareil, la gourmande que je suis ne pouvais pas résister bien longtemps : j'imaginais déjà des monceaux de paniers remplis de sablés dorés de beurre et de sucre, saupoudrés de chocolat et de friandises, remplis de noix et de caramel. Je sentais la douceur des délicieuses collations m'appeler. Et après quelques tentatives 'maladroites-mais toujours calmes' de créneaux en pleine rue Wellington, je me stationnais avec un grand sourire, quasi droit devant la vitrine de La biscuiterie.

Sur le pas de cette petite boutique au nom évocateur, ce ne sont pas les paniers de biscuits qui nous accueillent, mais plutôt les sacs colorés et variés de bonbons. Les sablés que j'espérais sont sagements rangés plus loins. On en trouve une belle variété, mais pas aussi riche que mon imagination. C'est donc plutôt vers les bonbons en vrac que je me suis tournée avec intérêt.

Du fond de la boutique, le propriétaire, un petit asiatique discret et souriant, s'est empressé vers nous, sans déranger, et a proposé un panier, tout petit, juste la taille qu'il faut pour remplir ses yeux de régals multicolores, à la meilleure cliente de notre groupe : mon adolescente!

Nous nous sommes donc jetées le regard et les mains sur les friandises variées, parfumées, dures, tendres, colorées, qui faisaient le bonheur de chacune d'entre nous et des amis à gâter : nougat tendre; petits bonbons durs aux fruits assortis dans leur boîte de métal; rubans tricolores et surs, trempés de sucre; jujubes de fruits et yogourt aux formes variées; bonbons à la violette... Purs plaisirs d'enfance à emporter et partager!

dimanche 17 février 2013

Machination

1er février

Effets secondaires

J'assiste à la première du film sans aucune attente. La salle est comble. Au cours de la semaine, j'ai beaucoup entendu parler du film. Plusieurs collègues ont vu la bande annonce et sont emballés. Les spectateurs ont hâte de voir ce qui les attend. Personnellement, je suis ici pour me détendre. La semaine a pris une tournure éprouvante et c'est déjà un miracle que je me sois convaincue de venir au cinéma. Je viens me changer les idées. Je n'ai rien vu, rien lu, rien entendu du film, à part les attentes enthousiastes de mes collègues. Je ne suis ici que pour l'affiche et la distribution, qui m'ont semblé... sympathique...

Oups.

Comme quoi une image ne vaut pas toujours les mille mots qu'on pense.

Ça commence raide. Avec les soucis d'abord. Puis, au moment ou tout devrait bien aller : la chute. Tout chamboule, tout bascule. Les amoureux tentent de se serrer les coudes, mais... ce n'est pas jojo. Je repasserais pour le changement d'idées...

Et puis, il y a les médicaments : on entre dans la critique pharmaceutique, ces drogues sur lesquelles on a plus ou moins de prises. Les fameux effets secondaires. Et c'est là que ça commence à être tordu. Et plus le film avance, plus c'est tordu : les situations, les réactions, les personnages, les prétextes... pfff.

Donnez-moi un grand bain de médicaments dans tout ce beau monde-là! Je sors avec ce seul mot en bouche : tordu. Le film, l'abus de prescription de médocs, les manipulations perverses, et les scènes qui ne veulent rien dire. Malgré tout, le jeu des acteurs est très bon. Mais l'ensemble est amer... malade quoi. À voir dans votre salon seulement, si vous avez envie de regarder une histoire... tordue.

mardi 12 février 2013

Générateur

31 janvier

Je travaille pour les Expo-sciences depuis 1997. Un bail. Aujourd'hui, je suis allé voir ma première Expo-sciences locale de la saison. Il s'agit d'une exposition tenue à même l'école, primaire, secondaire et collégiale. Elles se déroulent généralement vers la fin de l'automne et le début de l'hiver, juste à temps pour sélectionner des participants pour les finales régionales, dont moi et mon équipe nous occupons.

Alors je me rends dans la salle d'exposition, généralement la cafétéria, et au milieu du brouhaha des classes qui visitent les exposants, je cible un stand sans visiteurs. C'est mon premier critère : un jeune, qui attend patiemment qu'on vienne écouter son projet de recherche. À partir de là, j'ai vraiment les pieds dans l'Expo-sciences, pour les trois mois à venir. Chaque année, ce sont ces jeunes qui me donnent le carburant de mon travail. Ils sont, l'un après l'autre : captivant, dynamique, amusant, intelligent, vif, timide, orateur, pédagogue, curieux, déterminé, vendeur, compétitif, créatif, inventif... bref, tous : brillants!

J'adore être à leur merci! J'écoute avec la plus grande simplicité, avec toute ma curiosité et beaucoup d'humilité. Je pose beaucoup de questions. Je veux qu'ils réalisent à quel point ils maîtrisent leur matière, comme il savent discuter des procédés, des montages, des découvertes, de l'histoire, sans cartons, sans mémorisation, simplement parce qu'ils connaissent, ils comprennent. Et surtout, ils le communiquent.

Mon organisme tiendra l'Expo-science Hydro-Québec, finale régionale de l'Estrie, les 15, 16 et 17 mars prochain, au Centre culturel de l'Université de Sherbrooke. Mais des exposants comme ceux que j'ai rencontré, au cours des trois prochains mois, il y en aura partout au Québec. Et chaque année, je le répète à qui veut bien m'écouter : donnez-vous la peine d'aller en écouter un, un seul, peut-être un autre, puis un autre... Quand vous sortirez de l'exposition, vous croirez en la jeunesse, en la relève, en l'avenir et le soleil sera juste un petit peu plus brillant dans vos yeux.

Prescription : une dose, chaque année :)

Gramme

30 janvier

Découverte d'un charmant café sherbrookois : le Singing goat. Avec des collègues et amies audacieuses, nous avons remonté la rue Alexandre, dans le centre-ville de Sherbrooke, pour nous initier à la cuisine végétarienne et vivante!

Bon, manger végétarien, ce n'est plus trop difficile. Je veux dire : nos épiceries regorgent de variété et de protéines qui nous permettent de cuisiner sans nécessairement intégrer de la viande. En plus, j'avais été initié il y a plusieurs années, quand des membres de ma famille aviaent suivis sérieusement ce régime. Mais là, on parle d'un véritable menu végétarien, quelque chose de plus élaboré, une véritable chimie culinaire, en saveurs, en ingrédients, pour donner un résultat coloré, savoureux, surprenant.

Personnellement, j'ai opté pour le pâté chinois :P Pas pu résister! C'est un plat que j'adore, avec ou sans viande. Mais ma voisine de table m'a fait goûter au plat à succès du jour : la pizza au légumes. Si l'appellation est simple, la composition est impressionnante. La croûte très mince est à base de noix et de légumes. Elle rappelle une tortillas bien grillée par la texture, mais les légumes et les noix se goûtent parfaitement. La base est faite d'houmous aux noix de cajou! puis généreusement garnie de légumes variés. Bref, l'assiette regorge de légumes, de noix, de couleurs, de saveurs, sous forme d'une pizza simple et pas effrayante du tout. Une véritable recherche dans l'assiette.

En plus le café a une touche bohème, avec ses nappes colorées et dépareillées, sa cuisine ouverte, ses ardoises. J'ai beaucoup aimé. Ils offrent quelque chose de très différent, très typique, qui vaut le détour. J'aimerais bien y retourner un soir, pour essayer leur menu gastronomique.

Si vous y passez, encouragez-les en achetant une très jolie carte postale de l'endroit. Pour 25 sous, vous soutiendrez cette belle initiative, et vous réjouirez le coeur d'un proche, une petite fille peut-être, à qui vous pourrez poster la carte en question.

Courant

29 janvier

Aujourd'hui, je suis allée à Montréal. J'y vais de plus en plus souvent. Pour de brèves visites. Et j'apprivoise tranquillement cette grande cité urbaine que j'ai pourtant toujours redouté.

Je suis native de Montréal. J'aurais pu croire qu'être native d'une ville donnait un certain attrait pour ladite cité! Eh ben non. Pas moi. Au grand jamais. Plus j'en suis loin, mieux je me porte. Montréal a toujours été pour moi la folie, la population, le monde, la stimulation à chaque coin de rue... Les excès aussi! Tant de monde et à la fois tant d'indépendance... Le choc social des premiers enfants itinérants. Les adolescents dans les rues. Les passants blasés. Les squeegees assidus. Les mendiants profiteurs... Pfff... pour la petite provinciale que je pense être, Montréal est étourdissante et déroutante.

Pourtant... La première fois que j'y ai conduit, persuadée que j'allais vivre l'enfer, agrippée désespérément à mon volant et les dents serrées... j'ai découvert une fluidité de la circulation, une certaine honnêteté des conducteurs : des clignotants, des 'céder le passage' naturels, des automobilistes qui vous laissent vous infiltrer dans leur voie sans essayer de renfoncer votre pare-choc... de la politesse au volant quoi! À partir de ce premier moment, conduire à Montréal a toujours été un plaisir.

Par contre, il aura fallu beaucoup, beaucoup plus d'années, avant qu'un soir de janvier, je m'aventure au coin des rues Mont-Royal et De Lorimier. La température était superbe : il neigeait à gros flocons. L'autoroute avait été difficile et ça faisait du bien de sortir de l'auto. Je me suis stationnée devant une boulangerie qui arborait encore des baguettes fraîches et dorées alors que le soleil se couchait entre chiens et loups. J'ai marché jusque chez mon amie, un seul coin de rue, toute seule, sac au dos, calmement, sans me sentir craintive, profitant des phares qui dansaient à l'heure de pointe, des arbres qui faisaient un dôme sur la rue, des escaliers en colimaçons collés les uns aux autres. Ce soir-là, pour la première fois, je me suis sentie bien dans ma ville natale.

Électronicienne

28 janvier

Je suis une fan de Roger Leloup, le créateur de Yoko Tsuno, une bande dessinée mettant en vedette une jolie électronicienne japonaise, qui vit ses aventures en technologies et sciences fiction.

Pour mon anniversaire, j'ai reçu mon album rituel : je les collectionne depuis le début de l'adolescence et je guette la sortie de chacun, qui se greffe à ma collection et m'amène à relire la série complète, question de bien situer chaque personnage. Une fois par an donc, je me lance dans les épopées de Yoko : 26 cette année.

J'ai également 'L'écume de l'aube', un roman qui raconte la première aventure de l'héroïne, fortement illustré, rempli de croquis du personnage, de son enfance à l'âge adulte. Un très beau livre.

Mais j'ai un faible pour 'Le pic des ténèbres'. Cet unique roman (jeunesse) de Leloup est fascinant pour les adeptes de sa littérature technologique. Leloup mêle l'histoire à la robotique dans toutes ses oeuvres. Fasciné par l'Asie, il transpose une belle passion de cette culture dans le soin et la grâce qu'il accorde à son héroïne. Quant à ses planches futuristes, ces câbles et ses cockpits de pilotage, ces vues détaillées de l'architecture des villes d'Europe : tout son travail, c'est comme si on y était.

Je dévore les bande dessinées de Yoko parce que j'ai si hâte de voir dans quel monde Leloup aura choisi de nous transporter. Et je relis chaque album avec délice pour m'attarder aux détails et à la recherche. Après, j'attends. Patiemment. Très patiemment. Douze longs mois. Parfois plus. La sortie du prochain album. Mais Leloup sait récompenser la patience de ses lecteurs par la qualité constante de ses dessins détaillés.

dimanche 10 février 2013

Dextrogyre

27 janvier

En chimie, un objet destrogyre dévie la lumière polarisée.

Ma petite lumière du samedi soir n'était pas polarisée. Elle était simplement une étincelle d'amitié, un clin d'oeil lumineux dans une salle comble pleine d'adultes trop sérieux.

La semaine dernière, pour mon anniversaire, mon amie m'a invitée à partager un dessert dans un café. Et hier, dans ce café bondé, prise dans nos discussions de filles sans fin, confortablement calées dans nos banquettes, à attendre ledit dessert, c'est une flamme qui étincelait dans tous les sens qui s'est dirigé vers nous.

Je n'ai même pas saisi tout de suite que ce joli feu de bengale sur la part de gâteau m'était destiné. Et alors qu'il était déposé devant moi avec les souhaits d'anniversaire tous simples de la serveuse, je tapais dans mes mains comme la gamine que je sais devenir, les yeux émerveillés devant ma première bougie d'anniversaire de l'année.

À ce moment, mon amie, ravie de sa surprise, m'a dit quelque chose de très gentil : 'Je savais que toi, tu saurais apprécier. Je ne l'aurais pas fait à n'importe qui.'

Eh bien oui. Il y a des petites choses formidables comme ça, dans la vie. Comme un feu de bengale dans une salle sombre, au milieu d'inconnus, qui brille juste pour vous, spécialement pour vous. Et qui vous donne ce qu'une autre de mes amies appelle avec beaucoup de bon sens : un petite tranche mince de bonheur.

Ma petite lumière du samedi dansait dans tous les sens. Pour mon plus grand plaisir. Et moi je vais continuer à vous éclabousser de mots pendant toute une année :)

Disposition

26 janvier

Mon demain est tardif. Mais le livre attendait sagement que je trouve les mots pour en parler.

Chronique de la dérive douce de Dany Laferrière.

J'ai parlé plus tôt de ma découverte de l'auteur dans 'La tension de l'immigrant', le 6 janvier. J'ai poursuivi avec les Chroniques, pensant à tort qu'elles avaient été écrites après. Je me suis rendue compte de mon erreur seulement après ma lecture, après quelques recherches. Mais cela n'a en rien gâché mon plaisir. Un plaisir plus rêche sans doute, plus dur, toutefois entier, en totale continuité avec L'énigme du retour.

Laferrière maintient ce style que j'ai découvert et que j'apprécie beaucoup : une prose poétique qui adoucit les moments durs, laisse respirer le lecture, rythme et cadence les émotions.

Il nous amène à Montréal, jeune immigrant haïtien, à la dérive de son départ précipité d'un pays chaud ou le rythme de vie et les raisons de vivre sont opposées à nos saisons. L'immigrant compare ce qu'il a quitté; s'empare de ce qu'il découvre. La vie est difficile pour le jeune noir montréalais dans une ville peut-être pas encore tout à faire prête pour l'immigration. De la pauvreté d'Haïti, on passe à celle de Montréal. On survit, on apprend à vivre, dans une société qui nous juge sans nous connaître, que l'on ne comprends pas, mais qu'on observe, avec intérêt et ouverture, alors même qu'il faut dire adieu au pays natal qu'on a quitté, contre son gré.

L'immigrant et le lecteur s'apprivoisent en douceur. Le premier sait qu'il doit trouver une place, et l'attends patiemment, sans rien bousculer, avec une immense résilience. Le dernier suit avec ébahissement, pour découvrir avec les yeux de l'autre, de l'étranger, son propre pays, sa propre ville.

... je ne regarderais plus jamais un pigeon de la même façon...

dimanche 27 janvier 2013

Décharge

25 janvier

Ouh, j'ai pris du retard sur mon objectif d'un texte par jour. Il va falloir que je me rattrape.

Ceci dit, c'était nécessaire. Complétement vidée qu'elle était la chtite batterie. Sauf que je ne m'en étais pas vraiment rendue compte. La fatigue était latente, comme un vendredi soir, rien d'anormal. Rien qu'une envie typique de fin de semaine de s'effondrer devant la télé, et d'oublier tout le reste en laissant l'esprit vagabonder sur les scènes d'actions d'un film américain. I-dé-al.

Pas de taxi-familial ce soir, non non non. Bien trop fatiguée pour reprendre le volant une fois arrivée à la maison.

Pas de ménage non plus, non non non. Bien trop fatiguée pour traîner l'aspirateur.

Finalement... bien trop fatiguée pour voir les accidents de voiture sur grand écran aussi puisque je me suis endormie entre deux carambolages...

Et les heures passent et passent, et la marmotte hiberne encore et encore. À peine un peu de mouvement pour retrouver son nid; tout juste un clignement de paupière pour constater qu'il est délicieux de sommeiller, et de continuer :) Le temps d'un cadran d'horloge dépassé, plus de douze heures bien comptées.

C'était rigolo, pas honteux du tout, et nécessaire. Après un très bon week-end, la pile est chargée d'énergie et de mots à conter. De livres aussi. À suivre demain.

jeudi 24 janvier 2013

Rondelle

C'est un empilement de rondelles de métaux qui est à l'origine de la pile électrique.
Mais dans les arts, la rondelle est un ciseau de sculpteur. De marbrier pour être exacte.

Une sculpture, j'en croise une tous les jours, en allant au travail : le cénotaphe de Sherbrooke. Derrière lui, je vois l'Est de la Ville, dans le soleil levant, auréolé d'un ciel bleu extraordinaire, lorsque la brume de la rivière ne le cache pas. Il y a l'hôpital Saint-Vincent, ou est né mon beau Jo qui me manque. Il y a les arbres, qui peuplent la ville presque autant que les habitants. Il y a le Cégep de Sherbrooke ou j'ai passé deux belles années à perfectionner ma musique. Et chaque matin, derrière le cénotaphe qui semble bondir au-dessus de la rivière, je suis heureuse d'être à Sherbrooke. Je trouve ma ville belle, vivante, invitante. Et rien que pour ça, j'aime saluer tous les jours ce drôle d'ange qui salue le vide.
Il me rappelle aussi les pièces de pierre travaillées, imposantes, lourdes, gigantesques et magnifiques que j'ai vu au Louvre il y a plusieurs années, dans le département des sculptures. Une salle remplie de corps d'albâtre, qui m'ont donné la fugitive impression d'être en Olympe, au milieu des Dieux, d'êtres parfaits, immobilisés dans le marbre, et pourtant d'un charisme troublant du fond de leurs yeux vides. J'ai été émue devant la perfection de leur image immobile, touchante. Intimidée et pudique devant tant de nudité réelle.

Mais ma plus belle rencontre fut dans les fondations du Louvre, face à face, droit et altier, il a surgi de toute mon imagination, teintée de Théophile Gautier comme de Papyrus : un petit sphynx certe, une reproduction de l'immense, mais si parfaitement ciselé, modelé au ciseau avec tant de patience et de talent... j'avais l'impression qu'à caresser sa patte, je sentirai la fourrure de l'animal mythique.

Avant, il y avait aussi eu Adjani en Camille Claudel. Il y avait eu ce bloc de marbre si dur... qui se terminait en pied si fin.

Les sculpteurs font parler la pierre.

mercredi 23 janvier 2013

Batterie

Vous êtes-vous déjà tenu devant une batterie?

Vous vous sentez un peu gauche. Ou droit, selon votre latéralité. Un peu maladroit bref. Par ou commencer? Comment s'installer? Quel instrument utiliser?

Dans certains cas, vous opterez pour les casseroles en premier. Il me semble qu'elles sont plus sympathiques, rondes, profondes, accueillantes. On peut y rassembler une grande quantité d'ingrédients mélangés, les faire mijoter longuement, et arriver à un résultat intéressant. Si vous êtes dans une cuisine.

Par ailleurs, si vous optez pour les baguettes, au détriment des mailloches, il vous faudra aborder les peaux avec douceur tant elles résonneront sous les roulements. Et pour bien rouler, vous aurez besoin d'un peu d'adaptation pour tenir les baguettes correctement, vous sentir confortable, les manier avec aisance, et puis nuancer vos frappes. Et encore, vous n'y avez pas mis le pied, tendu sur la pédale au sol, prêt à faire résonner la grosse caisse au moment opportun. Si vous êtes dans un orchestre.

Mais aussi, portez attention aux couleurs. Vous serez transi, à vous demander si les pinces sont au bon endroit sans oser faire un geste. Vos humeurs varieront du noir au rouge. Vous aurez peur de voir des étincelles. Et lorsque le froid vous pénètrera trop, vous prendrez une décision. Il faut bien démarrer. Si vous êtes en voiture.

Il n'y a qu'un situation qu'il vous faudra fuir. Une batterie à éviter. Vous ne voulez pas la connaître. Vous ne souhaitez pas la vivre. Ce n'est pas la grosse caisse qui écopera des coups. Aucune pincette ne pourrait vous sortir de la situation. Démarrer en trombe, peu importe la direction. L'important c'est de vous sauver. Et ne jamais vivre cette querelle, cet échange violent.

Moi j'utiliserai la vieille batterie. Celle que l'on emploie pour réussir à quelque chose.

p.s. un merci spécial à Robert, pour sa grande aide, même s'il est petit.

mardi 22 janvier 2013

Cation

Positivement ionisée, je me suis levée pleine de pensées patientes sur la possibilité de parfaire mon apparence pour cette particulière journée.

Puisque, aujourd'hui, la place est prise par l'âge, je pensais paraître plus précisément en petite jeunesse. Simplement, je prenais le fer à friser pour mes cheveux plats .

Partant dans mes godillots, je préfère passer sur mes mollets un lainage plutôt rose et rayé, pivotant autour de mes pantalons. C'est un peu pitre, mais si joyeux.

Je place à mon paletot mon épinglette de Beppo.

Me voilà prête à partir au travail, en pariant que l'après-midi sera belle, et pourquoi pas la journée pleine.

Cafés après cafés, mes déplacements s'accompagnent des plaisirs souriants qui participent à la parade épatante de ma petite journée d'anniversaire, par ou se succèdent les souhaits sensibles de mes connaissances.

Oups. Dérapage alphabétique...

J'ai pris soin d'apporter un potiquet de chocolat pour partager. Ça fait toujours plaisir de s'empiffrer un peu. Et en paradis, nous ne savons pas si le chocolat sera présenté.

Dans la pénombre, il sera temps de partir dans la poudrerie, le pouls battant les tempes dans le froid piquant.

Ce serait bien à propos de terminer cette partie de plaisir par une poule au pot...

lundi 21 janvier 2013

Bases gourmandes

Avez-vous déjà eu la chance de croquer une amande toute fraîchement cueillie?

Dans mon souvenir, l'amandier est un arbre immense et magnifique, auquel on grimpe à l'aide d'une échelle, afin d'y cueillir de petits cocons vert pâle et duveteux, souples, qui n'ont rien à voir avec l'amande dure, brune, mais savoureuse que vous aimez croquer à vos collations.

À l'aide d'un panier d'osier à anse, et chargé de votre coeur d'enfant le plus pur, grimpez à l'amandier immense, presque pleureur, qui sera le roi du jardin. Remplissez le panier de ces fruits verts, qui ne semblent pas avoir mûris. Remplissez-le bien. Parce qu'il fera le ravissement de vos convives.

Une fois à table, entouré de ceux que vous aimez, découvrez l'amande blanche, tendre, toute jeune encore, qui se trouve au coeur de l'écorce verte. Avec curiosité, glissez le fruit blanc et terriblement doux dans votre bouche, et découvrez le goût de l'amande comme vous ne l'avez jamais goûté auparavant : quelque chose de ravissant comme l'été, de suave comme l'eau fraîche, de parfumé comme la rosée. Un goût lointain que vous retrouverez dans vos collations d'amandes séchées, sans jamais le savourer avec autant de force.

Sauf... peut-être... si l'amande est entourée de chocolat blanc ;)



dimanche 20 janvier 2013

Anion

J'ai osé me replonger dans La Liste De Schindler aujourd'hui. En ce dimanche venteux, j'ai pris du temps télé à me faire remuer les sentiments.

Ce film, je l'avais laissé reposer dans ma mémoire. Je savais à quel point il était beau. À quel point aussi il était cruel. Mais il a la force de son discours : il permet de croire que la cruauté à une fin.

Un anion est un ion à charge négative. Un peu comme un troupeau de SS en Pologne. Des espèces de bourreaux rendus fous par la guerre.

Mais en grec, anion veut aussi dire 'chose qui monte'. Comme attirée par le positif. Et ce film, cette histoire de Schindler, c'est un peu ça : la montée de l'humanité, si forte, chez un homme.

Ce long roman d'images, plein d'une poésie triste, mérite d'être revue. Il faut suivre à nouveau la petite fille en manteau rouge à travers ce film en noir et blanc. Il faut suivre l'énergie et le courage de vivre malgré les jours difficiles. Il faut tenir bon, comme la grand-mère, parce qu'on veut savoir comment ça va finir. Et puis avoir la chair de poule devant la tendresse et l'espoir. Et fondre en larme d'émotions, comme un applaudissements aux survivants.

Et puis il faut monter, pousser comme les arbres des hommes justes, et tenter de faire toujours mieux, pour les gens autour de soi.

Aussi, il faut penser à tous ceux qui, actuellement, doivent survivre, avec les soldats dans les rues, en surveillant gestes, paroles et allégations. Mais qui chaques matins, doivent espérer tenir bon pour connaître la fin, en souhaitant de tout leur coeur qu'elle soit bonne.

http://www.lapresse.ca/international/dossiers/intervention-militaire-au-mali/201301/19/01-4612901-labc-du-conflit-malien.php

samedi 19 janvier 2013

Une heure

Ce soir, j'espère que Laïka est dans une gentille famille.

Laïka est une jeune chienne a moitié huskies qui ressemble à un jeune renard roux. Elle est vive, petite, fouineuse, joueuse et aime se rouler dans la neige. Lorsque nous avons quitté la SPA tout à l'heure, une famille la promenait et se demandait si c'était le chien qu'il leur fallait. J'espère que la réponse était oui.

J'ai donné une heure de mon temps cet après-midi pour promener les chiens de la SPA. Un bénévolat simple et enrichissant qui te fait revenir chez toi avec un grand sourire ravie.

Ce que ça m'aura demandé? Un coup de téléphone pour réserver mon heure de promenade; une pièce d'identité avec photo pour la location de la laisse; cinq minutes pour lire les instructions des bénévoles; un autre cinq minutes pour recevoir les consignes dans le chenil.

En retour, j'ai fait la connaissance de trois magnifiques chiens; j'ai marché dehors pendant une heure; j'ai reçu les sourires et les remerciements d'une petite équipe bien dynamique et terriblement sympathique. J'ai beaucoup aimé mon expérience.

Et puis je pense à 'Féfille', une femelle mastiff croisée noire, imposante, si douce, calme, à l'écoute. Un chien qui semble parfait pour une famille d'enfants ou une personne plus âgée. Un chien qui marche au pas et qui semble aussi être un excellent gardien.

Et puis à Mia, une femelle Labrador-bulldog : terriblement nerveuse dans les premières minutes, elle sursaute au moindre geste brusque ou lorsqu'on parle trop fort. Mais après quelques minutes d'adaptation, à courir avec elle, la voilà qui marche au pas, toute calme, presque câline.

Le site internet de la SPA est très bien fait et mis à jour chaque semaine. Encourageant : rien qu'aujourd'hui, j'ai entendu parler de deux adoptions, et je pense en avoir vu trois de plus.

vendredi 18 janvier 2013

Équilibre

Parfois, j'imagine un long cable de fer tendu dans le vide, loin et haut. Je ne sais pas ou il s'attache, mais il tient. Et dessus, avec mes gros godillots, en équilibre au-dessus de la Terre, je regarde tout ce qui bouge, tout ce qui s'agite. Spectatrice. Calme. En contrôle.

Je vois notre fourmilière québécoise, celle que j'aime, à qui je m'associe, recouverte de notre richesse blanche. Les joues rouges et piquantes du froids des hauteurs, j'ai la couenne chauffée par le soleil direct de l'hiver. Je prends ma hauteur comme on prend du recul. Je me place en retrait, de mon observatoire précaire, qui m'impose une intériorisation souriante.

C'est la sensation que vous pourriez retrouver dans un bon livre, qui vous emporte dans une dimension qui n'est plus tout à fait la réalité. C'est aussi le sentiment satisfaisant d'observer vos bons coups et d'en ressentir de la fierté. C'est regarder les gens que vous aimez et vous sentir chanceux de partager leur vie. C'est regarder les enfants rires et vous faire les plus belles leçons de vie du monde.

Si parfois, je ne tiens plus sur mon fil, quand mes épaules sont un peu trop lourdes pour garder l'équilibre des hauteurs, c'est sur le sol que je trace mon cable imaginaire. Dans la neige glacée qui crisse sous mes godillots, chaque pas pouvant glisser, alors que l'esprit veut réchauffer le corps sous nos -40 degrés, c'est un peu comme si je reprenais place, en équilibre, quelque part, mais sur Terre.

Quelquefois on vacille... on tangue dans le vide, même quand le sol est proche. Il suffit de respirer, même si l'air est glacé. De redresser la taille puis les épaules, de fixer un point, un seul, à notre convenance, et tout se rétablit.

Et ces points d'équilibre pour nous aider à nous redresser sont aussi nombreux, aussi scintillants que les étoiles des constellations. Impossible de perdre pied.

jeudi 17 janvier 2013

Combustible

Aujourd'hui, l'hiver québécois reprend ses droits : soleil extraordinaire et température sous les -15 degrés Celsius.

La journée idéale pour aller prendre une longue marche :)

D'un pas alerte et les jambes pleines de courage, j'ai pris la direction du Lac des Nations, ce petit lac urbain au milieu de Sherbrooke, aménagé comme un rappel de campagne, la zone zen de notre centre-ville, ou l'on croise marcheurs et coureurs décidés et souriants.

En sortant du bureau, le soleil est d'un éclat si impressionnant que je dois porter ma main en visière jusqu'au prochain coin de rue, question de m'habituer à la luminosité, qui n'a rien à voir avec celle de mon écran cathodique.

J'ai M dans les oreilles, ma musique dynamisante par excellence, celle qui donne un pas alerte, rapide, enthousiaste, peu importe la température, l'humeur et la foule.

Attrapant mon amie au passage, nous marcherons d'un pas cadencé pendant 45 minutes, au soleil froid, jusqu'à ne plus sentir nos cuisses. La conversation filera au rythme des pas, jamais interrompue, stimulante.

Fières de nous, on se félicitera d'une sincère accolade. Et c'est seule que je regagnerais mes néons de bural... enfin presque... puisque M sera toujours dans mes oreilles, couvrant le bruit du trafic, des adolescents en fin de pause-midi et de mes pensées un peu trop vrombissantes.

J'ai les joues rouges vifs du froids, j'ai la peau qui se réchauffe tranquillement. J'ai mon coeur, plus aussi jeune, bien content de lui.

Les mains en visière, j'entre dans l'ombre du bâtiment, pour habituer mes yeux à l'obscurité...

mercredi 16 janvier 2013

Recyclage

'Morphée est un dieu que j'adore,
Moi je dors, moi je dors, moi je dors.'

(Quelquefois, quand on manque d'inspiration, c'est heureux d'avoir celle des autres :)
Cette poésie, Germaine me l'a récitée des dizaines de fois. Pourtant, ce sont les deux seuls vers dont je me souvienne et je n'ai aucune idée de la source. Cependant, ces vers sont importants. Puisqu'ils expriment le plaisir de la paresse, des siestes, des grasses matinées. Ils expriment le confort du chat en rond sur le fauteuil le plus confortable de la maison, au soleil. Ils expriment les nuits étoilées comme des diamants ou les lunes pleines comme des soleils... qu'on ne regardera pas. Parce qu'on dort!

Et quel doux plaisir, je vous le dis, de murmurer ces deux petites phrases alors que nos paupières s'allourdissent et que le corps se laissent couler dans la torpeur d'un sommeil profond et réparateur.

Pensez-y chaque fois que votre esprit vagabonde par la fenêtre. Répétez ce nouvel adage : moi je dors, moi je dors, moi je dors... et coulez-vous avec délices dans la paresse de l'instant, un doux sourire aux lèvres, sans culpabilité aucune.

Pro-fi-tez...

Germaine était la Reine de la paresse. Parce qu'après une vie très remplie, de famille, de guerres, de drames, d'humeurs, de quotidien chargé quoi! parce qu'à 93 ans bien sonnés, elle avait décidé, revendiqué, accepté et adopté : le droit irrévocable de se reposer.

Est-ce que ce n'est pas un modèle fantastique? Mais je vous pose la question... voulez-vous vraiment attendre de souffler 90 chandelles avant d'en profiter?

... moi je dors, moi je dors, moi je dors...

mardi 15 janvier 2013

Cruickshank

... un chimiste britannique... qui parlait anglais. Encore aujourd'hui, j'ai entendu dire qu'en science de tout accabit, l'anglais est très important.

Je vis dans une région bilingue, un petit coin de pays entre ville et campagne ou le temps d'une rue, tu peux passer d'une quartier francophone à un autre anglophone. Et je trouve ça fantastique.

Plus fantastique encore le droit gentil que l'on a d'être mauvais dans une langue ou dans l'autre. Parce que, disons-le haut et fort : my english is a torture!

Parfois, je tente laborieusement de baragouiner des mots anglais que je ne maîtrise pas, un genre de franglais 'avé un assent', des mots que j'enchaîne bout à bout pour me faire comprendre, ou mieux encore : sérieusement dérider la galerie.

Aujourd'hui quand même... j'ai passé un petit test d'anglais. Quelque chose de simple : orthographe, syntaxe, ponctuation. Une vingtaine de questions à choix de réponse... 40 % que j'ai eu.

:O

J'adore le français. Je trouve que c'est une langue qui a une âme, une richesse et de magnifiques défi (rien que pour l'écrire correctement!). Je suis aussi fascinée par les chanceux qui maîtrisent plusieurs langues facilement et par la patience qu'ils ont à aider, à apprendre aux autres à surmonter les difficultés d'apprentissage. Puis enthousiasmée de parler avec des anglophones de ma région, qui sont au français ce que je suis à l'anglais. Mais avec qui, d'un sourire et chargé de patience et d'efforts, on peut quand même communiquer un minimum, harmonieusement.

Bon, allons voir un film anglais... qu'est-ce qu'y dit, hein? dis? qu'est-ce qu'y dit là? allez, qu'est-ce qu'y dit?

lundi 14 janvier 2013

Pont

Enfant, adolescente, comme toutes les filles de mon âge, je chantais à tue-tête dès que la maison était à moi. La seule différence peut-être, c'était le répertoire ;)

Je me suis bercée au son des vinyles de la famille. Les 33 tours aux titres variés et absolument hétérogènes m'ont fait voyager. En passant par les classiques Quatre saisons de Vivaldi, dans lesquelles j'ai développé ma lecture des partitions (incluses dans la pochette) et pratiqué la gestuelle d'un chez d'orchestre. J'ai écouté des choeurs russes aux voix si graves. J'ai été une fan des Poppys. Depuis, la seule personne qui en a parlé, c'est Monique Giroux, dans son émission de radio! C'est à ce moment que j'ai découvert et aimé Henri Salvador, que je suivrais jusqu'à la fin de sa carrière.

Et puis, il y avait ce magnifique disque de Nana Mouscouri. Eh oui! Il s'agissait d'un disque arborant la fameuse tapisserie de la Dame à la licorne. Il était entièrement consacré aux vieilles chansons françaises. Des mélodies que j'ai tant chanté que je m'en souviens encore. J'ai bercé mes enfants avec. Peut-être que c'est un peu là, dans l'étymologie des vieux mots, que mon amour du français s'est affirmé.

dimanche 13 janvier 2013

Réduction

J'aime manger. C'est un des grands plaisirs de ma vie. L'un des derniers dans lequel je voudrais couper. Parce que même à sa plus simple expression, la cuisine, la nourriture reste un plaisir.

Chaque geste dans ma cuisine est emprunt de plaisir et de reconnaissance. J'aime avoir la capacité de renouveller sans cesse ce qu'il y aura à table, alors que le placard semble présenter la même suite d'ingrédients. Ceux-ci, assemblés, parés, avec curiosité et gourmandise, prendront formes et couleurs pour l'appétit de nos ventres comme de nos yeux.

Et dans ma cuisine, je songe. Je laisse totalement le temps couler au rythme de la cuisson des aliments. Alors que les sauces se réduisent, mes pensées s'allègent. C'est ma méditation. La cuisine représente mon plaisir gourmand, mon temps à moi, mon occupation importante et mon moment de philosophie. Les yeux rivés sur l'ébullition des bouillons, je laisse dériver mes pensées et s'éloigner mes soucis. Et lorsque nous serons tous à table, pour prendre le temps de manger et de parler, ce sera l'apogée gourmande et calme, d'une journée bien remplie pour tous.

Je transfère ce plaisir à la dégustation de la cuisine des autres, à découvrir et goûter les restaurants de la région, à refaire le monde autour des meilleures assiettes. Et lorsque nos estomacs sont remplis à craquer, quand même s'asseoir en voiture devient ardu, quand le corps crie les abus gourmands, reste à nos têtes et nos coeurs les discussions sans fins, plus délicieuses que chaque bouchée.

Ma cuisine est sociale : un lieu d'échange en petit ou grand comité. Le repas devient un partage de nourriture, de plaisir, comme d'idées, d'opinions. Ce sont ces ingrédients essentiels de communications qui font la saveur et la richesse des aliments.

Dans la préparation d'une simple tartine, il peut y avoir amour, consolation, présence ou joie. Ou tout ensemble. Il y a un petit moment de communion, si important.



samedi 12 janvier 2013

Accumulation

De rouille et d'os

J'avais beaucoup d'attentes pour ce film. Les bandes annonces m'avaient séduites chaque fois que je les avais visionnées. Assise avec mon enthousiasme habituelle de cinéphile impatiente, je me laisse bercer par l'entrée en matière des personnages...

Celle-ci sera longue. Digne des films français, les personnages, bien qu'ils se rencontrent rapidement, seront ensuite longuements campés dans leur rôle et leurs émotions, leurs drames.

Et puis, le rythme arrive, au détour d'une scène, d'une musique peut-être. Tout à coup, il y a davantage de vie, davantage de substance entre les personnages à l'écran. Pas moins de drame, mais peut-être un peu plus d'espoir.

Je bondis de mon siège plusieurs fois : au rythme des sauts des orques; au rythmes des coups qui pleuvent, au rythme des tensions et des accidents de la vie qui nous font un peu désespérer. Et qui nous font nous émouvoir, nous les spectateurs, devant l'ampleur des malheurs qui choisissent si bien la même et unique personne.

Chaque fois que l'aube prend une tournure d'espoir, paf! le virage est trop tôt, trop sec, et l'ami se plante. Vers la fin, le public est essouflé des malheurs. Le moment que le réalisateur choisi pour nous autoriser à nous effondrer, comme les personnages, à craquer, pour mieux respirer, mieux nous reveler. Et laisser le film finir sur un rayon de soleil.

Le film est inspiré du livre 'Un goût de rouille et d'os'. J'avais ce goût dans la bouche à la sortie. Ce petit goût de rouille des moments malheureux, amers. Ce petit goût de vie quoi.

Mais bon, l'amer... c'est pas la mer à boire. Et la mer... c'est si magnifique. C'est grand... comme la vie!

vendredi 11 janvier 2013

Haut voltage

Au Québec, il y a quelques années, nous avons eu droit à un film d'animation plutôt marrant : La véritable histoire du petit chaperon rouge

Pour ceux qui s'en souviennent, il contient un personnage très sympathique : un écureuil hyperactif qui fera l'expérience du café.

Aujourd'hui, mon cerveau, c'était cet écureuil. Et le merveilleux café corsé et noir de mes collègues n'a rien à voir là-dedans (même si je vide deux carafes à moi toute seule entre 7 h 30 et 17 h).

Certains spécialistes ont rencontré le cousin de l'écureuil : le hamster cérébral. Il y a même une certaine littérature à son sujet, dixit Pensouillard.
Bref, le principe est le même : les neuronnes s'agitent dans tous les sens. C'est la tempête. Le tsunami. L'ouragan. Le tremblement de terre. La crise du verglas qui paralyse notre sens commun, notre capacité à nous concentrer et visiblement, notre calme!

Et pendant que le cerveau tourbillonne autant que Dorothée à la recherche d'un Pays d'Oz merveilleux ou se reposer, l'individu, le corps, l'être, cherche avec désespoir une solution externe qui atténuera la tempête de sa tête, détournera l'influ sanguin des cellules cabocheuses et apportera une accalmie méritée. (Je pense que je suis encore sous la forte impression du naufrage de Pi...)

La solution, mes pas nerveux l'ont trouvée, en cliquetant des bottes jusqu'à la salle de réunion, ou dorment depuis Halloween une famille de sucettes colorées. Petit bonheur du jour : sucetteS au raisin bien chimique. Ma mère l'a toujours dit que le sucre calme...

jeudi 10 janvier 2013

Fabrication d'une histoire

Extraordinaire!

Je devais aller voir 'Opération avant l'aube'. Le film est attendu, c'est l'avant-première, on recommande d'arriver tôt. Bah, vingt minutes d'avance je me dis, c'est bien! Le stationnement est quasiment vide. Pas-de-problèmes. On passe avant tout le monde à la caisse parce que nous avons déjà nos billets. Parfait. On prends également le temps d'aller se chercher des bonbons. Une petite gâterie, pourquoi pas? Il n'y a même pas de file devant les salles.

Oups.

Les recommandations étaient valables. La salle est pleine... Déception...

Puisque nous sommes au cinéma, profitons-en tout de même. Après cinq minutes d'hésitations, mon coeur balance entre 'Les misérables' et 'Histoire de Pi'. Je n'ai pas aimé le roman du deuxième. Le voir est risqué, mais...
Je suis emballée, émue et époustouflée.

Lorsque j'ai lu 'Histoire de Pi', je l'avais trouvé long. Je n'avais pas réussi à me plonger dans le récit (même si le film raconte un naufrage!). 

Mais sur grand écran... grandiose. Au cinéma, je suis comme une enfant. Si je peux être terriblement critique, je suis aussi excellent public. J'adore participer à l'histoire, sursauter, crier, rire à gorge déployée quand 'je' trouve ça drôle. Pendant deux heures, rien d'autre n'existe que l'histoire du grand écran et toutes mes émotions y sont liées. Ce soir, j'ai pleuré, j'ai sursauté, j'ai ri, j'ai été émerveillée. Ce que l'auteur n'avais pas réussi à aller chercher en moi, le réalisateur l'a totalement métamorphosé, à grand renfort d'images magiques et prenantes, et avec un rythme tout nouveau, cadencé, vif, saisissant. Je retenais mon souffle.

http://www.cinoche.com/films/l-histoire-de-pi/bandes-annonces/index.html

mercredi 9 janvier 2013

Conducteur

Je suis un chauffar du dimanche!

M'enfin de l'avis de certains seulement. De mon point de vue, j'ai une conduite tout ce qu'il y a de raisonnable et de prudent. J'aime 'un peu' sentir le véhicule entre mes mains. Mais à peine! Les passagers s'accrochent 'un peu' à la portière, mais seulement dans les arrêts brusques. Certains ont 'un peu' mal au coeur à l'arrière de mon véhicule. Mais si peu.

Tout ça, c'est de la faute à frérot. J'ai été élevé aux voitures. Les toutes petites, dans de longues pistes de terre battue interminables, à créer des carambolages et faire mes seuls excès de vitesse.

Puis j'ai eu ma voiture téléguidée. J'en ai pris un soin jaloux. Trente ans plus tard, elle est toujours aussi belle. Ce serait bien si je pouvais en dire autant de mes vraies voiture... Disons que l'image du véhicule féminin un peu emblavé, c'est pas mal mon portrait. J'arrive à pousser les choses ou à les camoufler dans le coffre avant de covoiturer. Ce qui n'est pas une si bonne idée puisque, mes virages étant disons, sportifs! les objets divers brinqueballent à leur gré dans le coffre en faisant un bruit de désordre impossible à camoufler.

En ce moment j'ai un tout petit véhicule avec lequel je passe mon premier hiver. Alors, il faut bien que je le teste dans la neige! Je dérape dans les tournants. En contrôle.

J'ai tendance à m'arrêter aux feux verts et à passer sur les feux rouges. Seulement par distraction.

Mais! Je n'ai jamais causé d'accidents, j'ai acheté l'option des clignotants à fort prix et je suis une abonnée des angles morts qui m'ont sauvé bien souvent la vie.

Ma voiture manuelle, j'en fais gentiment gronder le moteur, pour me rappeler ma petite voiture téléguidée. Puis je glisse doucement avec elle, aux coins des rues. Pour célébrer l'hiver.

mardi 8 janvier 2013

Espèce chimique

Aujourd'hui, j'étais un atome parmi les atomes. J'étais une cellule dans un ensemble. Je n'avais aucune individualité. Et c'est le tout, l'ensemble autour de moi, qui me nourrit et me recharge.

Dormir sur la corde à linge alors que la nuit s'étire interminablement, insomnie généralisée dans la maison. Finalement, courir le matin parce qu'on se lève trop tard, mais arriver à l'heure quand même, et avec le sourire. Ouvrir la porte du bureau et prendre un temps d'arrêt devant les deux grandes fenêtres qui donnent sur le lever de soleil rose.

Soupir de satisfaction. Coup de charge.

Préparer le café de l'équipe en papotant, prendre 15 minutes de discussions et d'échanges pour le plaisir de prendre le temps avant de se plonger dans le travail, alors que le café coule, comme si on était encore dans le confort de la cuisine. Se servir une bombe noire et aromatisée qui accompagnera la journée assise devant l'écran. Bombe noire, bien noire... Coup de charge.

Lire sa correspondance, les mots gentils, les attentions, les suivis efficaces, les rendez-vous, se rendre compte comme la vie bouge autour de soi, que l'ensemble est en mouvement. Et pendant un moment, sentir qu'on en fait partie comme d'un tout, pas comme un caillou dans l'engrenage. Coup de charge.

Répondre aux questions, dépanner, donner un coup de pouce gratuit, parce qu'on en a envie, parce que ça change les idées. Simplement sourire, juste un peu et écouter de toutes nos oreilles la vie autour de soi. Coup de charge.

Et chaque soir, quand je rentre, même si mes charges n'ont pas été suffisantes dans la journée pour me faire redresser les épaules, j'ai le courage de lever la tête au ciel, de regarder le ciel étoilé (oui, on voit les étoiles dans mon quartier urbain!) et c'est immense, et je suis toute petite, et c'est tout simplement beau. Je respire... Coup de charge...

lundi 7 janvier 2013

Watt?

Aujourd'hui, retour au travail, retour à la routine, fin des vacances.

Le défi dans ces moments-là, c'est de conserver toutes nos bonnes résolutions de l'an. Comme celle d'écrire tous les jours. Celle de se réinventer tous les jours pour écrire des choses belles à lire, belles à partager.

Et puis, en se remémorant les petits moments de la journée, tout d'un coup, toute sa richesse vous frappe.

La qualité des collègues de travail et le plaisir partagé de se retrouver, même si l'on sait que les mois à venir seront chargés. Échanger sur les boires et déboires des vacances, mais surtout les belles trouvailles, les sorties au cinéma (Terre Promise, Skyfall, Le Hobbit, tant de choses à voir!), les films regardés dans le confort du salon (Parfum de femmes), les lectures (Virginie Despentes, Danny Laférière, Daniel Pennac, Marc Lévy), les soirées de patachon à ne pas avoir envie de bouger, dans un magnifique pong blanc Ikéa, enroulée dans une jetée bleue, les yeux perdus sur l'espace blanc de la rue tranquille.

Les amis autour de soi, qu'on a envie de voir et qui nous le rendent bien, leur écoute, leurs témoignages, leurs clins d'oeils, la planification des rencontres et des activités.

Les enfants qui dorment encore alors que leur routine a eu n'a pas encore recommencé, qui profitent de leur dernière journée de paresse, qui dans les torpeurs du sommeil qui s'allonge presque toute la journée, n'ont plus d'âge et restent nos petits chérubins sans défense.

Le réveil du corps dans la discipline de l'exercice, un peu (beaucoup) laissé de côté pendant cette période de repos. Un corps appesanti, rouillé, tendu, mais pourtant près à recommencer, heureux de s'étirer, de se recentrer, de se poser dans l'instant présent.

Aujourd'hui, retour au travail, retour à la routine... quelle routine? chaque journée est tellement riche.

dimanche 6 janvier 2013

Empilement de galette

Voilà. Avec le texte de ce soir, je me mets à jour dans mon blog d'année, commencé un peu tard.

Aujourd'hui, c'est la Fête des Rois, l'Épiphanie. Une fête religieuse soulignée avec plaisir et gourmandise dans les familles grâce à l'excellente galette à la pâte feuilletée et à la frangipane (un mélange d'oeufs, de sucre et d'amandes).

C'est la fête des touts-petits. La fête de l'enfant Jésus, enfin découvert par les rois mages après un long voyage, et la fête du plus jeune de la famille qui aura l'honneur de se glisser sous la table (oui, aujourd'hui il aura le droit) afin de répartir les parts de galette. Il criera les noms de tout le monde, un à un, pour partager au plus total hasard la riche galette brillante de beurre, et contenant LA fève, celle qui sacrera le roi ou la reine de la soirée. Les couronnes, décorées plus tôt par la bande des bambins, attendent patiemment sur le buffet la tête de leurs monarques.

Une fois la galette partagée et le benjamin revenu à table, chacun s'élance sur son dessert à sa façon : certain le mangeront avec délicatesse et patience, pour le plaisir de trouver la fève et surtout de ne pas se casser une dent sur le trésor par trop de précipitations; d'autres l'éplucheront avec rapidité, débarassant la galette de son toit de feuilleté pour allégrement massacrer la belle frangipane jaune, à la recherche frénétique de la fève; quelque coquin de ma connaissance aime particulièrement trouver la fève et la cacher, afin de laisser les convives dans la perplexité des assiettes vides sans aucune revendication royale, question de faire durer le plaisir.

Peu importe, le résultat sera quand même : un roi ou une reine, sacré maître de la soirée, qui choisira son époux(se) et pourra s'amuser à faire réaliser aux convives toutes les fariboles qui lui passent par la tête. La soirée se terminera en rires joyeux, augmentés par les ventres pleins et rebondis, et la course des petits pages un peu partout dans la maison, pour célébrer ce dernier jours des vacances des fêtes.

Le sapin sera bientôt dénudé. L'école va recommencer. Restera la neige, ultime compagne du reste de notre bel hiver.

La tension de l'immigrant

5 janvier 2013

Je termine mes vacances des fêtes. Au cours des deux dernières semaines, j'ai lu mon premier roman de Dany Laferrière : L'énigme du retour.

J'avais perçu un certain changement, une maturité plus sérieuse dans le personnage de Monsieur Laferrière dans les rares prestations télévisuelles ou radiophoniques de l'auteur. Cela m'avait intrigué et donné envie de me plonger dans son univers littéraire pour la première fois. J'ai été enchantée.

L'énigme du retour, c'est le retour de l'émigrant à sa terre natale, le temps d'un voyage, le temps d'un deuil. C'est le deuil du père, mais aussi du pays natal. C'est un voyage d'observation et d'introspection, parfois brouillon comme les sentiments, mais qui toujours retrouve son fil conducteur et ramène le lecteur dans l'émotion exacte que l'on veut transmettre.

Écrit dans un genre de prose poétique, la lecture est fluide comme une prose, mais rythmée comme une poésie.

Le deuil du père... quel choc. Tout ceux qui l'auront vécu, sans exception, le comprendront et apprécieront les quelques lignes, sans étalages, tout en questions, en manques, en souvenirs, qui tentent d'exprimer cette perte d'une vie.

Quant au récit de l'émigrant, merci pour ce portrait d'Haïti que je n'avais pas encore saisi; pour ce parrallèle au Québec, terre aimée du nouveau citoyen; pour l'expression, enfin, de ce qu'est l'immigrant, et j'ajoute l'enfant d'immigrant : un être dans deux pays.

Et le roman se termine sur cette énigme réelle, à la fois du retour au pays natal, à la fois au retour à la terre d'adoption, sans plus exactement savoir d'ou nous sommes.

samedi 5 janvier 2013

L'énergie de la peinture

4 janvier 2013

Je suis allée voir la Ligue d'improvisation picturale de Montréal, affectueusement nommée la VIP pour Virus d'improvisation picturale.

J'entre au Belmont, sur la rue Saint-Laurent à Montréal pour la première fois de ma vie. Je sais que je suis au bon endroit parce que, en sursautant, je constate qu'une artiste est en vitrine, en train de produire une toile 'live'. La vitrine est sobre, tendue de noir, l'artiste est habillée en noir, appliquée sur sa toile, dos à la rue. Le passant peut donc profiter du travail, de la main de l'artiste dans les moindres détails de l'oeuvre, brillamment éclairée.

Le Belmont est tout petit. On pourrait le comparer au Vieux Clocher à Magog, avec scène, parterre et balcon. L'ambiance est très relax et le public varié. Sur la musique du duo Elektropaint, deux équipes de quatre peintres se font compétition dans les pures règles de l'improvisation : chaque équipe réalise une toile majeure tout au long de la soirée, de 19 h à 23 h, au thème libre; paralèllement, des thèmes sont imposés, ainsi que le nombre de peintres autorisés, et un temps est alloué. Par exemple, en trois minutes, trois artistes de l'équipe doivent réaliser devant nous le portrait d'un volontaire dans la salle. Le public lui, aura a voter pour les oeuvres et déterminer l'équipe gagnante de la soirée.

Que vous connaissiez l'art ou non, c'est absolument renversant de voir les artistes au travail devant nous, partir de la toile blanche avec une assurance du trait et de l'idée, et travailler à plusieur sur une même oeuvre, en cohésion et en complémentarité. J'avais rarement eu l'occasion d'apprécier à ce point la justesse d'un trait, d'une couleur, qui doit être parfaitement là ou l'artiste la veut, pour une raison précise. La toile se modifie sous nos yeux, prends de la profondeur et de l'expression à mesure que volent les coups de pinceaux.

À la fin de la soirée, les toiles sont mises à l'encan, pour des valeurs allant de 40 $ à 500 $. Elles sont signées par les artistes. Allez-y chaque premier jeudi du mois! www.virusdimprovisationpicturale.com

Réactifs

3 janvier 2013

Levé tardif et brutal, course après une voiture envolée, téléphones à la voirie (particulièrement aimable : je ne dois pas être la première à téléphoner pour une cause semblable) et café jus-de-caussette!

Après, course pour trouver un gentil-nami pour m'accompagner au cinéma à Montréal. Ben oui. Je fais ça moi. Trois cents kilomètres pour aller regarder un film de 2 h. Arrivée au cinéma du quartier latin sans problèmes. Trouve un premier stationnement avec horodateur défectueux. Change pour un stationnement sous-terrain. Tourne en rond pour trouver la sortie piétonne du stationnement! Une fois dehors, ouf! tourne en rond pour retrouver le cinéma : monte la rue... huuuuum, non je pense que c'est plus bas. Descend la rue... huuuuumm, non finalement, c'est peut-être en haut. C'est là que ma compagne a rué dans les brancarts. Il fait froid : pas question de tourner en rond dans Montréal sans savoir ou l'on va. Une fois l'ouragan verbal passé, j'arrête une passante pas trop louche. Plus petite que moi, plus âgée aussi, capuche de fourrure, mais visage fermé. Évidemment, à Montréal, j'imagine que les gens n'aiment pas particulièrement être accostés. Mais non! Très aimable (française!), elle m'amène jusqu'à une autre personne aimable qui m'indique le chemin. On était tout près.

D'un pas léger, nous franchissons les trois coins de rues qui nous séparent du cinéma. Nous sommes légèrement en retard et avons (heureusement) manqué la cohue de la file d'attente. Nous aurons les sièges penchés, presque couchés, juste devant l'écran.

On sort tôt. Facile de retourner à la voiture : j'avais fait mes repères. Je décide d'aller chercher mon autre accolyte de la soirée à son travail. Ouille. Imprévu ça. Pas de GPS (de toute façon, je me perds avec ces engins). Pas de google map préparé d'avance. Pas de sens de l'orientation non plus... Ça a pris 30 minutes, des tours infinis de pâtés de maison, pendant que mon neveu adoré monte et descend les rues pour tenter de nous rejoindre, tout en faisant le GPS vivant au portable. Je suis une championne à Montréal. Si vous n'êtes pas pressés :)

vendredi 4 janvier 2013

Le courant à travers les kilomètres

2 janvier 2013

La beauté de l'amitié, c'est qu'elle ne se compte pas en heures, pas en proximité. Pas en temps.
Elle est un cadeau intemporel, qui se repose parfois au coeur du quotidien en attendant la prochaine rencontre, toujours comme si on s'était vu la veille.

Mes amies sont tout près ou à des kilomètres. Mais toujours là si j'ai besoin d'elles.  Pas besoin de la proximité des bandes adolescentes qui, si elles dépassent 24 h sans se voir, sont persuadées d'avoir été oubliées.

Mes amies sont si près de mon coeur que la distance n'efface jamais le courant qui passe entre nous, notre complicité. Nos fous-rires, qui s'éveillent dans les cinq premières minutes de toutes nos retrouvailles, sont la preuve que l'on se tient.

La beauté des copines, c'est aussi les bouteilles partagées, la tête qui tourne, la tête qui est lourde, les trois jours de lendemain de veille mais qui en valent la peine. C'est placoter tellement à tort et à travers qu'on peut en perdre la voix. C'est décider de rester dormir parce qu'il est impensable de reprendre la route, trop fatiguée ou trop avinée, mais tellement heureuse, en sécurité, accueillie et ensembles.

Ce courant-là, il est sans jugement, plein d'écoute : il dédramatise, il réchauffe, il consolide. Vouaip, je me charge à mes copines. Sans remords. Parce que c'est un échange. Un plaisir partagé, enrichissant. Qui gonfle à bloc pour des mois, malgré la distance et le rythme de vie de chacune.

Mes copines, ce n'est pas une foule. Pourtant, elles en valent des milliers chacune. Elles sont toutes pleines d'une énergie exceptionnelle et personnelle. Et avec elles, je me sens partie prenante de notre belle énergie rigolote. Je sens que moi aussi, je participe à ce beau courant.

La fin de la Fin

1er janvier 2013

Ben voilà, on est arrivé à bout de 2012. On, c'est la planète, l'affaire Maya et tout et tout. Pour la population planétaire, c'était une année riche en rebondissements. Et puis tout le monde attendait le 21 décembre avec impatience. On allait-y exploser zou pas??

Pendant ce temps-là, je suis restée en marge. J'aime bien faire les choses différemment. Ma fin du monde à moi a commencé avant tout le monde : le 2 janvier 2012. Pif, paf, pouf! que ça a fait dans mon coco. Un gros météorite dans ma tête. Confusion, étourdissements, reconstruction. Les mots clés de mon année. Et pendant que le monde tournait, que le printemps érable se déroulait avec fureur au Québec, ben moi, je coulais, je sirupais ma vie, je m'engluais dans mes petites circonstances.

C'est quand la tire a été prise solidement que je pense avoir rencontré quelqu'un de quand même bien : Moi.

C'est important une rencontre pareille! et c'est fantastique, parce que c'est une personne très intéressante à connaitre. En plus, faire la connaissance de Moi, ça peut prendre pas mal de temps. Alors c'est ma résolution de 2013 : je pars à la découverte de Moi.

D'ailleurs, je pense que je suis une pile. Et sérieusement déchargée. Un pôle négatif un peu trop fort, un positif qui se charge un peu trop sur le dos des autres. Un équilibre à trouver.

Bon ben, pour commencer l'année, de nouveaux défis : le visionnement d'un film d'horreur! J'ai horreur des films de peur. La seule bonne façon de les visionner, c'est sous une couverture, à travers les mailles. Sans blagues. Mais je suis tellement curieuuuuuuuuse :P J'ai donc réellement amorcé mon année en regardant un thriller psychologique.

Voui Môssieur, ça compte! ça fait peur pareil, musique, sauts, meurtres et tout et tout. Et sans cauchemars siouplaît :)