vendredi 18 janvier 2013

Équilibre

Parfois, j'imagine un long cable de fer tendu dans le vide, loin et haut. Je ne sais pas ou il s'attache, mais il tient. Et dessus, avec mes gros godillots, en équilibre au-dessus de la Terre, je regarde tout ce qui bouge, tout ce qui s'agite. Spectatrice. Calme. En contrôle.

Je vois notre fourmilière québécoise, celle que j'aime, à qui je m'associe, recouverte de notre richesse blanche. Les joues rouges et piquantes du froids des hauteurs, j'ai la couenne chauffée par le soleil direct de l'hiver. Je prends ma hauteur comme on prend du recul. Je me place en retrait, de mon observatoire précaire, qui m'impose une intériorisation souriante.

C'est la sensation que vous pourriez retrouver dans un bon livre, qui vous emporte dans une dimension qui n'est plus tout à fait la réalité. C'est aussi le sentiment satisfaisant d'observer vos bons coups et d'en ressentir de la fierté. C'est regarder les gens que vous aimez et vous sentir chanceux de partager leur vie. C'est regarder les enfants rires et vous faire les plus belles leçons de vie du monde.

Si parfois, je ne tiens plus sur mon fil, quand mes épaules sont un peu trop lourdes pour garder l'équilibre des hauteurs, c'est sur le sol que je trace mon cable imaginaire. Dans la neige glacée qui crisse sous mes godillots, chaque pas pouvant glisser, alors que l'esprit veut réchauffer le corps sous nos -40 degrés, c'est un peu comme si je reprenais place, en équilibre, quelque part, mais sur Terre.

Quelquefois on vacille... on tangue dans le vide, même quand le sol est proche. Il suffit de respirer, même si l'air est glacé. De redresser la taille puis les épaules, de fixer un point, un seul, à notre convenance, et tout se rétablit.

Et ces points d'équilibre pour nous aider à nous redresser sont aussi nombreux, aussi scintillants que les étoiles des constellations. Impossible de perdre pied.

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